Comprendre et agir après une agression sexuelle

TW : violences sexuelles

(Lecture : environ 4 min)

On parle beaucoup d’agressions sexuelles, mais rares sont les espaces où on t’explique clairement ce que ça recouvre, ce que la loi dit, et surtout ce que toi, tu peux ressentir.
Ce billet est là pour t’aider à mettre des mots sur ce que tu as peut-être vécu, observé ou ressenti dans ton corps.

Définition

Une agression sexuelle, c’est quand quelqu’un t’impose un acte à caractère sexuel sans ton consentement.
Cet acte peut être fait avec les mains, la bouche, le corps, un objet, ou même sans contact physique direct (exhibition, gestes explicites…).
Ce n’est pas “un malentendu”, ce n’est pas lié à ta tenue, ce n’est pas ta faute. C’est un acte imposé, et c’est cette absence de consentement qui en fait une agression.

Concrètement, on parle de :

  • une caresse ou un contact sur ton corps sans que tu le veuilles

  • une main posée ou glissée sur une partie intime sans ton accord

  • une tentative d’acte sexuel alors que tu dis non (ou que ton corps est figé)

  • quelqu’un qui force un baiser ou insiste pour obtenir quelque chose de sexuel

  • un attouchement dans un lieu public, dans la rue, au travail, dans les transports

  • etc., …

L’agression sexuelle n’a pas besoin d’être violente physiquement pour être réelle. La pression psychologique, la peur, la sidération, le chantage… suffisent.

Ce que dit la loi (version simple)

La loi considère une agression sexuelle comme un acte sexuel (sans pénétration ni acte bucco-génital, dans ces cas il s’agit de viol) imposé, c’est à dire sans consentement, avec ou sans violence physique.

L’absence de consentement a été intégrée dans la définition du viol et de l’agression sexuelle.
La loi votée le 6 novembre 2025 définit :

  • que le consentement doit être libre et éclairé, spécifique, préalable et révocable

  • que le consentement d’une personne ne peut pas être déduit du seul silence ou de la seule absence de réaction de la victime.

  • qu’il n'y a pas de consentement si l'acte à caractère sexuel est commis avec violence, contrainte, menace ou surprise, quelle que soit leur nature.

Ce n’est pas à toi de “prouver que tu t’es débattue”. La question essentielle est : as-tu voulu ce qui s’est passé ?

Les conséquences possibles d’une agression sexuelle

Pourquoi ton corps peut réagir sans que tu le choisisses ?

Lors d’une agression sexuelle, ton système nerveux peut déclencher des réactions automatiques de survie pour te protéger, comme :

  • le figement (réaction physiologique, qui est une réponse de survie automatique, qui bloque le corps et déclenche une incapacité à bouger et parler)

  • la sidération (réaction psychique / cognitive où l’esprit se met en pause ce qui déclenche une incapacité à comprendre, décider, réagir et altère la pensée)

  • la dissociation (être là sans être vraiment là, se sentir loin de son corps)

  • la soumission automatique (répondre mécaniquement sans être présente)

  • de l’hypervigilance (tout analyser, tout anticiper)

Ces réactions sont fréquentes. Elles ne disent rien de toi, de ton courage, de ta valeur. Elles parlent seulement de ton corps qui a tenté de survivre.

Les traces que cela peut laisser

Après les faits, à court, moyen ou long terme, tu peux vivre et ressentir des impacts sur :

  • ton corps et ton quotidien : fatigue, anxiété, tensions, douleurs, insomnies, hypervigilance

  • ta relation aux autres : peur, méfiance, difficultés à faire confiance

  • tes émotions et ressentir par exemple de la honte, de la colère, de la tristesse, de la confusion, …

  • ta mémoire : avec une amnésie totale ou partielle des faits (trous, souvenirs flous) ou alors une mémoire traumatique qui se déclenche et provoque des flashs, une impression de “revivre” la scène, …

Tout cela est “normal” après ce que tu as vécu. Il n’y a pas de “bonne” ou de “mauvaise” manière de réagir.

Ne reste pas seule

Mettre des mots sur ce que tu as vécu et sur les conséquences n’efface pas ce qui s’est passé, mais cela peut être une première étape pour comprendre ton vécu, apaiser ton corps, et retrouver un sentiment de sécurité.
Tu as le droit d’être accompagnée, soutenue, écoutée, tout cela à ton rythme.

Pour cela tu peux (liste non exhaustive) :

  • faire appel à des association d’aide aux victimes

  • participer à des groupes de paroles

  • te faire accompagner par des professionnels formés à l’accompagnement et la prise en charge des psycho-traumas

Juridiquement tu peux :

  • Si cela est survenu dans les transports publics, signaler les faits à la compagnie de transport par téléphone (au 31 17), par sms (au 31 177) ou via l’application « Alerte 3117 »

  • Alerter la police ou la gendarmerie (en appelant le 17 ou 112 ou en utilisant le tchat police)

  • Faire appel à une structure d'aide aux victimes (Violences femme info au 3919, Service d’aide aux victimes au 116 006)

  • Consulter le site Parcours-Victimes pour avoir connaissance des structures qui peuvent venir en aide aux victimes de violences sexuelles

  • Porter plainte :

    • si tu était majeure au moment des faits : jusqu’à 6 ans après les faits selon la loi applicable à ce jour

    • si tu était mineure au moment des faits : jusqu’à 20 ans après ta majorité selon la loi applicable à ce jour

Attention : les délais de prescription applicables à chaque cas peuvent varier. En effet, ils dépendent de la date à laquelle les faits ont eu lieu, car la loi a évolué au fil du temps et celle-ci s’applique différemment selon les périodes. Les délais de prescription de la loi actuelle s’appliquent si les faits n’ont pas été prescrits précédemment par une ancienne loi en vigueur. La notion de prescription glissante peut également intervenir dans le délai de prescription applicable. Il peut être recommandé de solliciter le conseil d’un juriste pour connaitre le délai de prescription applicable, par exemple en s’adressant à une associations d’aide aux victimes.

Remarque : les réactions et conséquences présentés dans ce billet de blog sont couramment rencontrés chez les personnes ayant vécu une agression sexuelle mais il s’agit d’une liste non exhaustive et non stricte qui n’a pas pour objectif d’établir un diagnostic. Un professionnel formé à la prise en charge des psycho-traumas pourra t’aider à y voir plus clair sur ces points si tu en ressens le besoin.

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